arié mandelbaum & amina rezki

27|10|2017 - 20|01|2018
Vernissage
amina rezki & arié mandelbaum

Un lieu
deux artistes
trois histoires

 

Le 73 de l’avenue Louis Lepoutre me servait, depuis quelques mois d’atelier et de salle de montage, avant que ne germe l’idée d’ouvrir la salle principale à d’autres artistes.  Depuis 2009 je développe en effet un travail artistique dans les domaines de la photographie, de l’installation et de la vidéo.

À l’origine, art stories | gallery est donc un lieu de création.  Un lieu de création qui s’ouvre désormais aux histoires -grandes et petites- qui font les artistes, dont la trajectoire et les rencontres sont au coeur du projet.  Et lorsque ces rencontres n’ont pas encore eu lieu, c’est nous qui les provoquons!  Parce que la rencontre de deux univers exacerbe ce don de l’art qui fait qu’ “au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier"1.

Les chemins d’Amina Rezki et Arié Mandelbaum se sont croisés il y a quelques années, mais jamais leurs oeuvres ne sont entrées en dialogue dans un même espace.  Quel meilleur symbole de ce que nous voulons faire ici?  Quel meilleur exemple de ces heureux accidents de la vie pour inaugurer ce lieu d’exposition?

art stories | gallery” ne démarre donc pas son aventure avec une “écurie” d’artistes sélectionnés sur le “marché” de l’art.  Dans sa genèse, le lieu lui-même est une expression artistique, un genre de performance en temps réel et à taille humaine.

En 2009, lors de mon inscription à l’Académie d'Uccle, une intuition s’est confirmée pour moi.  L’art est la seule issue.  La promesse d'un monde plus libre.  Dans ce monde-là, les rencontres avec des artistes vivants -ou morts d’ailleurs- stimulent la réflexion qui induit parfois, des remises en question.  Ce fut le cas avec Amina Rezki et Arié Mandelbaum.
Ainsi, je m’étais rendu compte que très peu d’artistes plasticiens issus de l’immigration marocaine avaient émergé en Belgique.  Amina Rezki était une des rares à avoir réussi à passer à travers les filets du déterminisme social. Elle est à mon sens une rescapée du néant artistique dans lequel son histoire familiale -bien qu’épanouissante à bien d’autres égards- a failli l’ensevelir.

Depuis l’enfance, Amina Rezki aimait dessiner.  À 18 ans, bravant sa mère, elle étudie avec brio la peinture à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles.  Mais une autre carrière s’impose à elle au fil de pas moins de huit heureux événements.  C’est une mère dévouée qui ne ménage pas ses forces.  Au point qu’il ne lui en reste plus assez pour sa passion.  Près de quinze ans plus tard, c’est une crise existentielle qui la sauve et la ramène à son art.  À l’Académie d’Uccle, elle est remarquée et encouragée par deux de ses professeurs, eux-mêmes artistes, Etyen Wéry et Arié Mandelbaum.

C’est ce dernier qui lui donne l’opportunité de disposer d’un atelier, “un lieu à soi”, comme dirait Virginia Woolf.  Une occasion unique de rattraper le temps, non pas perdu, mais qui a bien failli aspirer à jamais ses rêves de création. Ce que Claire Stoullig interprète comme “une violence faite à soi-même”2.  “Pas étonnant, poursuit-elle, que la plupart de (ses) tableaux témoignent d’une recherche sur la figure, un portrait souvent non identifié”.

Mais ces portraits ou autoportraits, qui échappent à une représentation figée, traduisent aussi, pour moi, une résistance/réminiscence de l’interdit de la figuration humaine, encore présente dans la tradition musulmane.  Une transgression qui cède le pas dans le travail d’Amina Rezki à la reconquête, par couches successives, de l’image déliquescente du père.  Celui-ci, disparu trop tôt, après l’avoir arrachée, dans les années ‘60, à son pays d’origine, le Maroc.  Même si c’était pour lui offrir un avenir meilleur en Belgique.

En miroir, Arié Mandelbaum, d’origine juive polonaise, partage cette “expérience du déracinement” qu’évoque pertinemment Serge Meurant dans son texte (lire p.13 du catalogue), lui qui suit l’artiste depuis 1977 3.
Mais un déracinement entaché d’une violence inhumaine, la Shoa.  Un thème récurrent dans l’oeuvre d’Arié Mandelbaum.  Mais sa représentation, chez lui, n’est possible que grâce à un procédé suggestif.  “En montrer plus serait indécent”, dit-il.  Une oeuvre paradoxale.  À la fois dure dans sa thématique (l’anéantissement, le devoir de mémoire, …) et d’une douceur diaphane dans son traitement.

Les œuvres de couverture du catalogue, l’interprétation de l’Origine du monde d’Arié Mandelbaum et l’homme aux mains entravées de fil rouge d’Amina Rezki, constituent l’amorce de ce dialogue, un avant-goût de la rencontre de ces deux artistes généreux lors de l’exposition inaugurale d’art stories | gallery.

 

Malika Es-Saïdi


Bruxelles, octobre 2017

 

Opening hours
Dimanche: Fermé
Lundi: Fermé
Mardi: Fermé
Mercredi: Fermé
Jeudi: 14:00-18:00 ou sur rendez-vous
Vendredi: 14:00-18:00 ou sur rendez-vous
Samedi: 14:00-18:00 ou sur rendez-vous
a. mandelbaum, "d'après Courbet", tempera, technique mixte sur toile, 90x90 cm, 2015
a. mandelbaum, "d'après Courbet", tempera, technique mixte sur toile, 90x90 cm, 2015
a. mandelbaum, "je me regarde", papier marouflé sur toile, 180x147 cm, 2008
a. mandelbaum, "je me regarde", papier marouflé sur toile, 180x147 cm, 2008
a. mandelbaum, "homme rampant d'après wilhem lehmbruck", fusain sur papier marouflé sur toile, 128x98 cm, 2011
a. mandelbaum, "homme rampant d'après wilhem lehmbruck", fusain sur papier marouflé sur toile, 128x98 cm, 2011
a. mandelbaum, "homme rampant d'après wilhem lehmbruck", fusain sur papier marouflé sur toile, 128x98 cm, 2011
a. mandelbaum, "homme rampant d'après wilhem lehmbruck", fusain sur papier marouflé sur toile, 128x98 cm, 2011
a. mandelbaum, "homme rampant d'après wilhem lehmbruck", fusain sur papier marouflé sur toile, 128x98 cm, 2011
a. mandelbaum, "homme rampant d'après wilhem lehmbruck", fusain sur papier marouflé sur toile, 128x98 cm, 2011
a. mandelbaum, "homme rampant d'après wilhem lehmbruck", fusain sur papier marouflé sur toile, 128x98 cm, 2011
a. mandelbaum, "homme rampant d'après wilhem lehmbruck", fusain sur papier marouflé sur toile, 128x98 cm, 2011
a. mandelbaum, "sans titre", fusain et crayon de couleur, 170x130 cm, 2012
a. mandelbaum, "sans titre", fusain et crayon de couleur, 170x130 cm, 2012
a. mandelbaum, "sans titre", fusain et crayon de couleur, 180x140 cm, 2016 "de quoi juif est-il le nom de quoi la Palestine est-elle le nom Je sais aussi cette flamme en vos poings." AC
a. mandelbaum, "sans titre", fusain et crayon de couleur, 180x140 cm, 2016 "de quoi juif est-il le nom de quoi la Palestine est-elle le nom Je sais aussi cette flamme en vos poings." AC
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
A. Rezki, "sans titre", technique mixte, 55x73 cm, 2017
a. rezki, "sans titre", technique mixte sur toile, 162x188 cm, 2017
a. rezki, "sans titre", technique mixte sur toile, 162x188 cm, 2017
a. rezki, "sans titre", fusian et pastel, 55x73cm, 2017
a. rezki, "sans titre", fusian et pastel, 55x73cm, 2017
a. rezki, "sans titre", fusian et pastel, 55x73cm, 2017
a. rezki, "sans titre", fusian et pastel, 55x73cm, 2017
a. rezki, "sans titre", crayon et technique mixte, 55x73cm, 2017
a. rezki, "sans titre", crayon et technique mixte, 55x73cm, 2017
a. rezki, "sans titre", acrylique sur toile, 197x164cm, 2016
a. rezki, "sans titre", acrylique sur toile, 197x164cm, 2016
a. rezki, "sans titre", acrylique sur papier, 55x55 cm, 2016
a. rezki, "sans titre", acrylique sur papier, 55x55 cm, 2016