Arié Mandelbaum
Arié Mandelbaum
De parents juifs polonais, Arié Mandelbaum est né le 7 juillet 1939 à Bruxelles, dans le quartier de la gare du Midi. Marqué par la Shoah, ancré malgré lui dans l’Histoire, le peintre témoigne d’un engagement politique précoce. Enfant, il rejoint un mouvement sioniste de gauche, la Hachomer Hatzaïr, et se voit rebaptisé Arié, qui signifie Lion en hébreux ; traduction de Léon, prénom d’origine de l’artiste.
Âgé de quatorze ans, il quitte la Hachomer pour les Jeunesses Populaires, embryon des Jeunesses Communistes. C’est alors qu’il abandonne peu à peu l’école, estimant qu’il apprendra plus de cette vie que de ce qui lui est enseigné. Élément fondateur, le jeune homme rencontre la culture dans les Lettres Françaises où il découvre, outre les poèmes d’Aragon, Eluard, Neruda et Hikmet des reproductions de Picasso, Léger et Pignon. Toutes les questions qu’il se pose et les doutes qui l’habitent trouveront désormais leur miroir en peinture. Elle s’impose comme une nécessité.
Le jeune peintre quitte le toit familial à l’âge de seize ans pour emména-ger dans l’Hôtel délabré du Grand Miroir, lieu historique de Bruxelles où séjourna Baudelaire et qui sera détruit dans les années 60. Il y rencontre le peintre Ralph Cleeremans avec qui il se lie d’amitié et y côtoie des person-nalités comme Camille De Taye, Marcel Arnould, Jacques Calonne ou encore Marcel Mariën et Benoît Quersin. C’est en 1956 qu’il rejoint l’atelier de Léon Devos à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles après avoir passé une année chez Paul Frognier.
Arié Mandelbaum présente une première exposition personnelle en 1960. Trois ans plus tard, l’exposition que lui consacre la Galerie Tamara Pfeiffer à Bruxelles rencontre l’engouement de la presse qui présente le jeune artiste comme l’un des talents les plus prometteurs des écoles belges. À cette occa-sion, l’avocat et historien d’art Bob Claessens lui fait l’honneur d’un discours élogieux. Il y célèbre le tempérament de l’acte pictural que pose Arié Mandel-baum qu’il rapproche des grands peintres juifs que sont Chagall et Soutine. En 1965, l’artiste remporte le Prix de la Fondation belge de la Vocation.
Histoire, politique, thèmes familiaux et témoins de son existence dévoilent dans les dessins et les peintures sombres des premières années une angoisse existentielle. En 1969, Arié Mandelbaum rejoint le Mouvement réaliste belge regroupant des peintres tels que Jorg Madlener, Roger Someville, Frédéric Beunckens ou encore Jacques Muller ainsi que le sculpteur et ami Joseph Henrion. Mais très vite, l’artiste marque une rupture avec le groupe pour poursuivre une œuvre singulière. Dans les années 70, l’expressionisme exacerbé des débuts laisse peu à peu la place à une expression plus retenue. L’émergence et la puissance de l’œuvre de son fils, le peintre Stéphane Mandelbaum, y participe. Le blanc apparaît peu à peu pour devenir omni-présent. De nombreux écrivains, tels que Marcel Moreau, Bernard Noël, Paul Emond ou encore Serge Meurant ont commenté son œuvre.
C’est en 1966 que l’artiste entre à l’école d’Art d’Uccle comme professeur pour y enseigner la peinture. La direction de l’Académie lui est confiée de 1979 à 2004. Le peintre y favorise la rencontre avec d’autres créateurs. L’école a le privilège de voir passer des artistes de tous horizons. Parmi eux citons notamment Boris Lehman, John Berger, Johan van der Keuken, Paul Meyer, Jean-Michel Palmier et Maurice-Moshé Krajzman. Ces rencontres témoignent d’une volonté de nourrir une réflexion sur la peinture par d’autres disciplines. Dans cet esprit, Arié Mandelbaum se produit comme acteur dans les mises en scène de Claude Schmitz depuis 2003.
Au rythme des papiers tendus sur les murs, Arié Mandelbaum évoque les chapitres d’une vie, compose et dialogue avec la mémoire. La peinture devient une façon de voir le monde. C’est là, selon le peintre, son principal propos. Actuellement, l’artiste poursuit son œuvre entre Bruxelles, Fontenoille en Gaume belge et New York.
Lucie Duckerts-Antoine
Texte, écrit à l'occasion, de l'exposition "l'intime et le monde" au centre Wallonie Bruxelles, Paris du 8 décembre 2017 au 4 février 2018.